Un article paru dans :
ENTREPRISES RHONE-ALPES
Décembre 2007 - N° 1491
DECRYPTAGES
Chamrousse tourne la page Transmontagne
Après la liquidation de Chamrousse Développement, société du groupe Transmontagne, la station iséroise reprend la main sur ses remontées mécaniques et son domaine skiable.
© Images-et-rêves OT Chamrousse
Pour Jacques Guillot, maire de Chamrousse, une page est définitivement tournée. La DSP (délégation de service public) qui liait la station à Chamrousse Développement a pris fin. Le 10 juillet dernier, le tribunal de commerce de Lyon avait placé le groupe villeurbannais en redressement judiciaire : ses pertes nettes s'élevaient à 8,2 millions d'euros. Mais faute de repreneurs, le groupe est démantelé et certaines de ses sociétés liquidées, à l'instar de Chamrousse Développement. Par une décision du conseil municipal du 22 octobre dernier, la commune crée donc une régie directe de remontées mécaniques et du domaine skiable. L'option la moins risquée pour la station qui doit être prête - si les conditions météo le permettent - à accueillir skieurs et touristes à la mi-décembre. “Pour mettre en marche la nouvelle régie, dont la direction sera assurée par Daniel Leyssieux (ex-directeur de Chamrousse Développement, NDLR), nous avons reconduit l'ensemble des vingt-cinq contrats permanents”, expliquait le maire lors d'une interview le 26 octobre. Et côté financement ? “La régie dispose d'un budget spécifique, avec un prêt relais à court terme pour financer ses charges de fonctionnement. Ses recettes (vente de forfaits) permettront rapidement de couvrir ses dépenses. À terme, nous pourrions nous orienter vers la création d'une SEM (société d'économie mixte). Quant au passif de Chamrousse Développement dont la commune est victime, nous avons fait une demande de créances. Mais nous estimons que ces créances sont douteuses”, précise Jacques Guillot. Les impayés qui s'élèvent à… 650 000 euros.
Loyers impayés
À Chamrousse, le dossier Transmontagne a fait boule de neige. En effet, le groupe n'est pas seulement impliqué dans l'exploitation des remontées mécaniques ; il assure aussi la gestion de résidences de tourisme (3 200 lits). Au domaine de l'Arselle, les copropriétaires se sont ainsi regroupés autour de l'Association de défense des intérêts des copropriétaires. Créatrice d'un blog, l'Adiac est montée au créneau pour réclamer les loyers impayés par Transmontagne Résidences et choisir librement son nouveau gestionnaire. “En tant que copropriétaires, nous avons la possibilité de discuter avec qui nous voulons. Le tribunal de commerce a certes validé, pour 370 000 euros, la proposition de reprise de Transmontagne Résidences par Sofisol. Mais cette dernière a toujours refusé, dans son offre, de préciser à quel niveau elle souhaitait négocier les baux. Le tribunal a donc décidé de résilier les baux et nous travaillons actuellement sur l'élaboration d'un nouveau bail avec M Vacances”, souligne le président de l'association, Christian Delisle.
Un dossier épineux qui n'empêche pourtant pas d'autres groupes d'investir dans la station. Située à 1 700 mètres d'altitude, elle avait l'an passé, malgré une saison morose, tiré son épingle du jeu avec un chiffre d'affaires en recul de - 3 % et un nombre de journées skieurs à - 5 % (contre - 14 % en moyenne dans les stations françaises). Fin décembre, Chamrousse accueillera la première tranche d'une nouvelle résidence de tourisme trois étoiles qui comprendra 126 appartements. L'équipement, construit par le groupe Cela Hotels Resort Spa, intègrera un espace bien-être (avec hammam, sauna, et cinq salles de massage et d'esthétique) ouvert aux touristes. Une excellente nouvelle pour le maire de Chamrousse.
Isabelle Ambregna
Quid des autres stations exploitées par Transmontagne ?
Sur les dix-neuf sociétés gérées par le groupe Transmontagne, huit assuraient l'exploitation des remontées mécaniques. Dévoluy et Praloup ont été cédées à la Financière Maulin (qui gére déjà le domaine des Sybelles en Savoie). À Bardonnechia, la filiale italienne est reprise par la société Conectra. Pour les stations du Lioran, Queyras, Monts Jura, les collectivités reprennent la main sous forme de régie ou de SAEM. Restent en suspens Nendaz en Suisse… et le prestigieux Ski Dôme à Dubaï.